La France, un acteur désormais clé de la Tech européenne et mondiale

Au cours des derniers mois, une nouvelle image de la French Tech s’est dessinée, le secteur ayant pris de l'ampleur avec une montée en puissance très remarquée. Les médias et les responsables gouvernementaux ont pris note du nombre croissant d'entreprises techno-logiques françaises qui atteignent le statut de "licorne". On compte désormais plus d'une douzaine d'entreprises françaises qui ont obtenu cette désignation alors, qu'il n'y en avait que deux ¹ - OVH et Blablacar – en 2018. À cela s'ajoutent les importantes levées de fonds dont le secteur bénéficie de plus en plus. Au cours des 12 derniers mois, 15 entreprises ont levé plus de 150 millions d'euros contre 4 entre 2017 et 2019 ².

Atteindre la barre du milliard de dollars de valorisation ou réussir une levée de fonds sont des étapes importantes pour toute entreprise, où qu'elle soit implantée. Mais ces événements - qui se produisent de plus en plus fréquemment en France - témoignent d'une évolution tout à fait remarquable et récente, pour ce qui concerne le secteur technologique français : un changement s'est produit, donnant aux fondateurs et aux entrepreneurs de nombreux et nouveaux exemples de réussite dont ils peuvent s'inspirer, ainsi que la certitude que le succès est dorénavant possible en France.

Un tournant majeur
Le développement de pôles technologiques locaux est une tendance mondiale qui n'a fait que s'accélérer avec la pandémie de coronavirus. Pendant de nombreuses années, seule la Silicon Valley jouissait d'une réputation mondiale pour son leadership en matière d'innovation technologique. Son succès n'a toutefois jamais été une histoire exclusivement américaine : des milliers d'entrepreneurs européens, attirés par le mélange de talents de la Silicon Valley, la diversité et la variété des offres de capitaux, et la réglementation favorable aux technologies, se sont rendus en Californie pour étudier, créer ou rejoindre les entreprises qui ont développé des technologies dominantes de notre économie numérique actuelle. Si la “Valley” reste un formidable pôle technologique, le flux des talents commence à se réorienter. Un nombre croissant d’entrepreneurs américains choisissent de créer leur entreprise dans leur région ou de s'installer dans de nouveaux pôles tels que Miami, Boston ou Austin. Il en va de même pour leurs homologues européens. Grâce à l’acceptation de la vidéoconférence comme moyen de communication « normal », tout est désormais possible, du recrutement aux levées de fonds, offrant la possibilité aux startups de rester dans leurs villes d’origine respectives.

Dans le cas du secteur Tech français, les entrepreneurs peuvent aussi bénéficier aujourd’hui d’un contexte très favorable et porteur pour créer la prochaine success story technologique mondiale depuis l’hexagone : des réglementations gouvernementales favorables, un secteur de l'éducation très performant et l'accès au financement d’investisseurs locaux et internationaux.

Tech “à la française”
Depuis toujours, le pilier de l'écosystème technologique français est son système éducatif qui produit des talents de premier plan à l’échelle mondiale. De toutes les villes en Europe, Paris compte le plus grand nombre d'écoles d'ingénieurs, qui figurent parmi les meilleures universités au monde. La France propose également deux des dix meilleures écoles de commerce mondiales et cinq parmi le top 50 ³. Ce carrefour, où se rencontrent les talents Techs et le sens des affaires, constitue un terreau fertile pour la commercialisation des idées les plus innovantes.

L’avantage que la France a, de bénéficier d'un système d’éducation de grande qualité n’est pas nouveau. Ce qui a changé récemment c’est le soutien actif et continu du gouvernement français, qui place le secteur de la Tech en tête de son programme économique. Vivatech (qui ouvre aujourd’hui), la tournée Scale-up à l'automne, Choose France ou les multiples manifestations French Tech témoignent de cette priorité. Elles sont complétées par des initiatives concrètes et intelligentes, ainsi que par l'évolution du cadre réglementaire afin de soutenir l'écosystème des start-up et de l'innovation. Le visa French Tech, par exemple, fut lancé en 2019 pour attirer les talents de la Tech vers les start-ups françaises ; une série de changements réglementaires concernant le droit du travail, le droit des sociétés et le droit fiscal des entreprises ont été mis en œuvre et les crédits d'impôt pour la R&D ont été augmentés. Le secteur privé français a également intensifié ses efforts, en développant des organisations telles que Station F de Xavier Niel, qui jouent désormais un rôle clé dans l'écosystème français des start-up. Associées à l'augmentation générale de la liquidité et des capitaux disponibles dans le monde et à l'esprit d'entreprise croissant des fondateurs français, les initiatives du gouvernement font effet de catalyseur sur un sol français déjà riche et fertile.

Avec un environnement plus attractif, la France a vu les capitaux affluer. Depuis 2016, les start-up françaises ont attiré près de 20 milliards de dollars de financement, dont plus de 5,4 milliards de dollars investis rien qu'en 2020 ⁴. Paris est désormais la deuxième destination en Europe pour les investissements des start-up et se classe dans le top quatre au niveau de la qualité des investisseurs ⁵. Le pays continue d'être classé première destination pour les investissements étrangers en Europe en 2019 et 2020 ⁶. L'ambition de devenir une "start-up nation" énoncée par le Président Emmanuel Macron en 2019 est sur une telle dynamique que l'objectif de créer au moins 25 "licornes" d'ici 2025 semble de plus en plus atteignable. Il est également probable que ces "licornes" ne soient pas toutes parisiennes. Les fonds commencent également à affluer vers les pôles technologiques en pleine expansion, notamment à Bordeaux, à Toulouse, à Lille, à Rennes et à Nantes, offrant ainsi à un plus grand nombre d'entrepreneurs de tout le pays la possibilité de créer la prochaine réussite technologique française.

Sur le terrain avec les fondateurs français
Depuis l'ouverture de notre bureau à Paris en 2002 et notre premier investissement dans la Tech française en 2012, nous avons exploré comment KKR pourrait contribuer à l'évolution du secteur. L'opportunité que représente la France a conduit au développement et renforcement de notre présence à Paris ces dernières années, avec aujourd’hui une équipe de 10 personnes. Nous avons soutenu des entrepreneurs français et investi dans de très belles entreprises telles que Fotolia, iValua, Webhelp, OVH, Devoteam, Contentsquare, Ornikar et plus récemment Cegid. Dans tous ces cas, l’investissement KKR a été fait dans une optique d’accélération de la croissance, de capital patient et le long terme, apportant non seulement des moyens financiers pour le recrutement ou les investissements R&D mais aussi un soutien « sur mesure » à ces formidables entrepreneurs et au management dans leurs projets d’expansion. Travaillant ensemble, nous les avons aidés en s’appuyant sur le réseau mondial de KKR, notre expertise technologique et notre savoir-faire dans le développement international de champions nationaux.

Le secteur technologique français est aujourd'hui en plein essor, ce qui démontre sa capacité à incuber des entreprises technologiques de niveau mondial. En combinant d'excellentes formations, une politique gouvernementale intelligente et une collaboration toujours plus étroite entre les créateurs d'entreprise, les investisseurs et le gouvernement, la France a développé un écosystème qui répond désormais aux besoins des entreprises pour les aider à saisir ces opportunités de croissance. Alors que nous nous dirigeons vers la prochaine phase de notre révolution technologique et numérique mondiale, KKR se réjouit d’être présent et actif en France, pour continuer à soutenir les entreprises et les fondateurs français dans leurs ambitions mondiales.

1. Magazine "Challenges" du 27 mai 2021.
2. Pitchbook, du 14 juin 2021.
3. World University Rankings - Full Time MBA: Global, QS Top Universities.
4. La #FrenchTech resiste a la crise!, EY.
5. Report on the French Tech Revolution, Sifted 2021.
6. European Investment Monitor 2021, EY.